lundi 14 février 2011

Le mot de la fin


Salut à tous amis lecteurs !


C'est avec une certaine nostalgie que nous prenons une dernière fois notre plume afin de clôturer définitivement cette année de voyages et par la même occasion, cet humble carnet de route. Vous avez été nombreux à nous suivre, des quatre coins du monde, laissant même de temps en temps de sympathiques commentaires (que nous avons toujours pris un immense plaisir à lire) et nous vous devions bien un ultime message, en guise de conclusion.


De ces 361 jours d'aventures, de ces 65 000 km parcourus (hors ceux effectués en avion, soit environ 40 000 de plus), nous sommes revenus la tête pleine d'images, d'émotions, d'odeurs, de visages, d'expériences... Des souvenirs qui continuent de défiler de temps à autre, comme pour nous rappeler de ne pas les oublier... On s'imagine souvent qu'au même instant (ou presque), alors qu'un parisien monte à bord d'une rame surchargée du RER A pour se rendre à la Défense, un travailleur birman casse des blocs de pierre sous une chaleur harassante, une vietnamienne repique son riz les pieds dans la boue, maudissant sangsues et serpents, tout comme cette petite dame âgée du Yunnan qui peine à marcher les pieds bandés, elle aussi, maudit cette insoutenable tradition. Et pendant ce temps... des forçats du souffre javanais s'attèlent à extraire du centre de la terre puis à porter à bout de palanche quelques quatre-vingts kilos de souffre. Ailleurs, dans des contrées moins tropicales et sous un froid glacial, une babouchka russe vend sur un vétuste landau quelques beignets (qui, c'est sûr, tiennent au ventre) sur le quai d'une gare entre Vladivostok et Moscou. De l'autre côté de l'hémisphère, un mineur bolivien descend à plusieurs centaines de mètres sous terre, sous une chaleur insoutenable, afin de remonter quelques précieux minerais, les joues boursouflées par les feuilles de coca et l'haleine sévèrement alcoolisée afin de supporter ses pénibles conditions de travail...
De tels exemples, nous en avons vu beaucoup, beaucoup trop! Impossible donc de tous les citer mais on pense à eux, souvent, unis qu'ils sont par leur misère de travailleurs pauvres, infatigables exploités et éternels oubliés d'un système économique et social inadapté.

De ce voyage, on est revenus plus curieux, plus sensibles au monde qui nous entoure, plus révoltés aussi. Mais également plus ouverts, plus positifs sur nos vies et bien plus enclins à relativiser les menus problèmes du quotidien...
Parcourir notre Monde de manière suivie et continue (géographiquement comme temporellement) a donné une autre dimension à notre petite odyssée. C'est une approche totalement différente de nos expériences précédentes qui s'étalaient souvent sur une période de quelques semaines maximum avec retour rapide à la case départ et le tout en avion.
Car au-delà du concept découverte du Monde, ce que nous avons beaucoup apprécié au cours de l'année écoulée, c'est d'avoir le temps de prendre son temps... si précieuse notion, bien trop volatile dans une vie parisienne active et mouvementée... Du temps pour nous, du temps pour les autres, à l'heure où la mode est plutôt à l'hyper-efficacité productiviste... Cette liberté temporelle couplée à une liberté totale de nos mouvements... Quel pied ! Quelle chance ! Pouvoir gérer notre emploi du temps et nos déplacements comme bon nous semblait était un luxe... Luxe que nous avons adoré côtoyer au quotidien. Car quoi de plus jouissif que de se dire: "Tiens et si demain nous allions en Birmanie ? Il paraît que c'est beau et que les gens y sont sympas". D'aller faire un tour sur airasia.com et de partir quelques jours plus tard, sans autre forme de procès... Et que c'était bon, aussi, à l'inverse, de se dire "Et si nous restions une semaine de plus à Sucre, on se sent bien dans cette ville ?"... Bref, un an à choisir notre futur à notre guise, un an à lire des dizaines de livres, à écrire, à écouter des centaines d'heures de podcast, à manger des plats du monde entier, un an de rencontres, de surprises, un an à deviser jusqu'à pas d'heure... Un an à Vivre en somme...

Mais encore fallait-il avoir les moyens d'entreprendre ce voyage, nous direz-vous, non seulement financiers mais également logistiques... Avant de partir nous avions beaucoup hésité entre un billet tour du monde tout bien réglé à l'avance et l'achat des billets au coup par coup... Bien nous en a pris de choisir la deuxième solution. Nous ne l'avons pas regretté un instant, contrairement à d'autres voyageurs croisés ça et là, obligés de quitter un pays où ils auraient tant aimé, pour x ou y raisons, rester plus longtemps...
Avec trois mois de recul, nous continuons de mesurer chaque jour cette chance qui nous a été offerte, que nous nous sommes offerte. Pour cette liberté, pour tous ces souvenirs, pour toutes ces belles rencontres, pour ces visages croisés l'espace d'un instant, d'une journée ou d'une semaine, pour les innombrables nuits passées dans des coins si différents, pour tout ce que nos yeux ont vu de beau ou de moins beau, de grand ou de tout petit, de nouveau ou d'ancien, cette aventure valait le coût. Ce fut une année pleine de nouveautés et de surprises apportant chaque jour, sa découverte. Alors pour les hésitants, sachez que ce n'est pas si compliqué d'entreprendre un tel voyage. La vie est une question de priorité... Au lieu de vous offrir une jolie télé 3D toute fine, 120 cm avec home cinema, des vacances aux Maldives ou une nouvelle voiture, pensez que vous pouvez économiser pour quelque chose de plus enrichissant, de plus marquant. Quelque chose qui, à l'heure où votre télé ou votre voiture auront depuis longtemps rendue l'âme, persistera, encore un bon bout de temps, gravé dans votre tête...
Si à travers ce blog, nous avons donné, ne serait-ce qu'une infime envie à certains d'entre vous de tenter leur chance, d'entreprendre ce type de long voyage, ce sera déjà, pour nous, une réussite... Si vous aussi caressez secrètement un rêve comme celui-ci, le seul et unique conseil que nous pouvons vous donner, c'est de ne pas hésiter plus longtemps... Car, comme le disait si justement Sylvain Tesson: "Vivre, c'est faire de son rêve un souvenir."


Pour nous, c'est ici que se termine cette aventure. Ayant tout deux retrouvé un boulot, notre vie reprend un rythme normal d'humbles travailleurs parisiens. Mais d'autres rêves suivront, indispensables préliminaires à de futurs projets d'évasions qui, à un moment, quelque part et différemment, verront assurément le jour...


D'ici là, prenez bien soin de vous et n'oubliez pas de profitez de la Vie !


Capucine & Jérémie

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