vendredi 5 novembre 2010

Cracovie et Berlin

Salut à vous amis lecteurs !

On s'excuse platement pour le retard mais comme tout vient à point à qui sait attendre, voici le dernier épisode de notre voyage... Nous le rédigeons avec un léger et nostalgique pincement au cœur, alors que nous sommes déjà rentrés dans notre chère Ville-Lumière.

Revenons donc trois semaines en arrière.
C'est avec plaisir que nous retrouvons l’efficacité et la ponctualité des transports européens rejoignant donc la Pologne et plus précisément Cracovie depuis Riga (Lettonie) via un enchaînement parfait de bus et de train.
Ancienne capitale de la Pologne, Cracovie est organisée autour d’un joli centre-ville avec sa célèbre place du marché et un château royal miraculeusement conservé. Elle est, de plus, surplombée de plusieurs centaines de clochers... Tout ceci lui donnant un charme certain malgré le froid qui nous accueille !



Pas loin de Cracovie, on décide aussi de consacrer une journée à la visite des camps de Auschwitz qui reste un lieu de mémoire incontournable.


Les camps appelés communément Auschwitz étaient en fait divisés en trois sites dont seuls deux d'entre eux ont été conservés : Auschwitz 1 et Auschwitz-Birkenau qui s’étendent sur quasiment 200 hectares. Pour vous donner une idée de l’ampleur de la folie humaine orchestrée par le régime nazi, ceci représente quelques 400 terrains de foot (!!!)...



Que dire? Difficile d'exprimer l'émotion que fait naître en nous la visite de camps quasiment d’origine, leur immensité et la multitude d'effets personnels conservés ici, ayant appartenu aux victimes de ce génocide. Les mots semblent faibles face à ces milliers de chaussures entassées, de toutes tailles (même les plus petites) ou au gigantesque monticule de cheveux amassés... C'est vraiment poignant!


Comment des êtres humains, ont-il pu commettre tant de crimes avec tant de cynisme et de cruauté ? Pourquoi les gens de l'époque ont-ils laissé faire cela, en connaissance de cause? Bref, vous l'avez compris, cette visite nous a particulièrement émus.




Après la séance recueillement, nous gagnons l'Allemagne et la capitale européenne à la mode: Berlin.


Nous y retrouvons, le temps d’un week-end prolongé, Samy et Anne-Claire, des amis venus de Paris. L’excitation du retour se fait de plus en plus ressentir et nous discutons des heures de cette année écoulée, autour d’un bon café, d’une bière ou d’une superbe curry-wurst (pas terrible d’ailleurs !).



Comme durant quasiment tout notre voyage, il fait beau et nous pouvons profiter d’une vue dégagée de Berlin depuis le Bundestag, flâner autour d’Alexander Platz, regarder de près ce qu'il reste du mur qui séparait auparavant la ville en deux, la Brandenburg Tor, Under den Linden, faire les marchés aux puces, non sans oublier quelques étapes culturelles (Musée de la Stasi, musée juif, etc...).





Berlin est également réputée pour ses multiples centres artistiques... squats ou autres... Let's go! C'est en compagnie de trois québécois rigolos, venus spécialement ici pour peindre, que nous découvrons d'anciennes usines désaffectées devenues le théâtre d’une production artistique foisonnante avec de nombreux graffitis et autres jolies fresques. Magnifique!


Un petit crochet par Tacheles est également au programme.


Cette semaine enrichissante à Berlin se termine à la gare, comme souvent depuis un an, mais cette gare est un peu particulière, c'est la dernière de notre petite aventure. On y prend donc notre dernier train de nuit (parce que l’avion c’est moins drôle et moins dans l'esprit), censé nous ramener directement à Paris, gare de l'Est... Mais comme un clin d'oeil de Hermès, dieu des voyageurs, le sort semble vouloir jouer encore un peu avec nous... Alors une dernière fois, on s'en accommode, on garde le sourire et c'est reparti: à trois heures du matin, changement de programme, le train s'arrête à Mannheim pour nous transférer (mal réveillés) dans un bus. Quelques huit heures plus tard, au lieu de gare de l'Est, on finit à Marne-La-Vallée, devant Disney, au beau milieu des familles (nombreuses!) qui veulent voir Mickey et sa bande...
Contraints et forcés, nous prenons donc le RER A... Les paysages de la banlieue parisienne défilent devant nous en même temps que les images de ce beau voyage... ce voyage qui touche à sa fin lorsque notre si familière ligne 8 nous ramène (définitivement?) à la maison.

Voilà, la boucle est bouclée, une pile de courrier nous attend, l'ascenseur est en panne mais les restaurateurs et autres tenanciers du quartier peuvent commencer à se frotter les mains: we are back in business ! (avec plein de choses à raconter...).


Bisous à tous et à très bientôt pour un dernier message, un petit débriefing comme on dit...


C. & J.

vendredi 22 octobre 2010

Tallinn (Estonie) et Riga (Lettonie)

Après la splendide Saint-Petersbourg, nous décidons de rejoindre les pays Baltes qui nous paraissent encore plus petits après l'immense Russie que l'on vient de traverser! On pensait peut-être aller en Turquie mais compte-tenu de notre timing cela semble irréaliste... De temps en temps, il faut savoir raison garder... Et puis bon, c'est pas pour dire, mais vous nous manquez un petit peu quand même ;-)

Nous rejoignons donc le plus septentrional d'entre eux: l'Estonie et sa très jolie capitale Tallinn. Une petite splendeur médiévale avec ses remparts, ses miradors, ses rues pavées, ses boutiques d'époque conservées (dont une pharmacie datant du XVème, encore en activité et présentant, entre autres, les poudres de perlinpinpin qu'ils utilisaient en ce temps-là).


À Tallinn, nous sommes accueillis par une adorable estonienne: Heleri (c'est toujours du couchsurfing comme à Shanghai et c'est toujours génial comme concept) qui nous emmène même decouvrir la campagne estonienne en canoë avec ses collègues de travail.
On prend plaisir à naviguer pendant quelques heures sur une jolie rivière, en admirant les dernières couleurs de l'automne... Bon le canoë à deux c'est toujours un peu "Pagaie de l'autre côté j'te dis !", "À droite !" ou encore "Ya que moi qui bosse ou quoi ?", etc... Bref vous imaginez le délire... Mais on s'est bien amusé :-D


Un autre jour c'est à Tartu qu'on nous conduit, deuxième ville du pays, c'est un peu trop tranquile pour nous mais ça nous fait parcourir le plat pays qui est le leur et admirer un long et très beau coucher de soleil (on est toujours très fan!).


À Tallinn, on joue à fond la carte du touriste (faut en profiter, on va bientôt perdre notre statut de touristes professionnels) en allant manger dans un restaurant du moyen-âge avec éclairage à la bougie, pseudos troubadours, (jolies) serveuses habillées en toge, bières aromatisées "à l'ancienne", etc... marrant!
On finira par le Kumu (musée d'art contemporain) et une belle expo-photo, témoignage du chaotique et sanglant passé de l'Estonie et c'est reparti...


En à peine quatre heures, un bus (avec wifi, on n'arrête pas le progrès!) nous mène ensuite à Riga capitale lettone, où nous nous retrouvons (toujours grâce au surf de canapé) dans le très kitchissime salon d'un couple d'homos avec tous les clichés qui vont avec... Pavel et Andrea sont on ne peut plus gentils et toujours aux petits soins avec nous. Ils nous concoctent de bons petits plats, nous arrosent de champagne (enfin de mousseux mais on n'est plus à ça près), nous font visiter la ville et même découvrir un grandiose et très select night-club (entrée VIP sur liste s'il vous plaît !).


La ville de Riga respire également le passé et eux aussi ont pris cher... Entre envahisseurs allemands puis russes, on peut dire que l'Histoire n'a pas été tendre avec ce pays... Un émouvant musée des occupations en témoigne... Notons tout de même que tous ne sont pas des neo-libéraux convaincus et comme en Russie précédemment nous rencontrerons des nostalgiques de l'URSS "Avant on ne pouvait pas aller dans la rue dire fuck au gouvernement mais au moins on avait du boulot! Maintenant on a le droit de dire fuck mais on est au chomage !" (sic).


Cette étape balte fut fort sympathique grâce à nos gentils hôtes, estonienne comme lettons, merci encore à eux, le couchsurfing c'est vraiment une belle expérience.

Bon au bout de quelques temps on a quand même envie de reprendre un peu de liberté... et puis leur discours était un peu trop border line pour nous sur la fin (comme dans toute l'Europe de l'Est, tout ce qui n'est pas tout blanc ils ont un peu de mal... C'est malheureux...).
C'est donc reparti pour une de nos dernières étapes, polonaise cette fois : Cravovie.

À bientôt


C. & J.

Lecture : Le soleil des Scorta (Laurent Gaudé)

mardi 12 octobre 2010

Moscou et Saint-Pétersbourg

Dernière étape de la plus longue voie ferrée continue au monde (9300km): Moscou. Traversant une nouvelle partie de la Sibérie et franchissant l'Oural, nous rejoignons le vieux continent, celui de l'origine de notre voyage. Petit à petit on finit quand même par rentrer chez nous...
Mises à part deux russes aigries de la vie, nos camarades de wagon sont relativement sympas avec nous et Sven, notre acolyte allemand, qui se fixe -on ne sait toujours pas vraiment pourquoi- Nijni-Novgorod comme objectif...
La vie de voyageur de 3ème classe dans le Transsibérien est toujours pleine de surprises, curiosités, voire incompréhensions mais constitue un excellent moyen d'apprécier le mode de vie russe. On y trouve même des gymnastes de dix ans qui font le grand écart debout...


Bref, trois jours et demi de train qui ont défilé à la vitesse d'un cheval au galop, sans difficulté majeure et nous posons nos sacs dans un appart'/hotel/guesthouse complètement sonorisé, partageant notre dortoir avec des russes qui bossent dans les cosmétiques... Tous les matins elles se lèvent aux aurores pour se pomponner pendant deux/trois heures comme si elles étaient seules au monde... Lumières et téléphones allumés... Au moins on ne "perdra" pas de temps en grasse mat' dans cette ville !


À Moscou, on suit les pas de Napoléon, des tsars et des bolcheviks sur la mythique place Rouge (mais pas de photo drapeau, les flics ici ne rigolent pas, on en aura la preuve plus tard à St-P. lorsque J. sera fouillé dans le métro tel un vulgaire supporter du PSG...). Bref c'est sur cette mythique place que se présentent le mausolée du "grand" Lenine (qui avait pourtant expressément demandé à être enterré tranquillou auprès de sa femme, chez lui...), l'emblématique cathédrale Basile-le-Bienheureux et, attenante, l'enceinte du Kremlin emplie d'une multitude de dômes dorés coiffant ses cathédrales orthodoxes aux intérieurs si richement décorés... Tous ces lieux chargés d'histoire sont impressionnants et valaient bien ce long voyage depuis l'Extrême Orient russe. Même leurs cimetières (certains totalement dépourvus de croix !) sont originaux avec toutes leurs statues...





Dans Moscou, nous retrouvons aussi l'usage du métro, si profondément enfoui qu'il nous donne à chaque fois l'impression de plonger au centre de la terre. Il supporterait même une attaque nucléaire mais ça, on n'a pas eu l'occasion de tester... Plusieurs minutes sont donc nécessaires pour rejoindre les quais qui revêtent parfois des allures grandioses et impériales avec colonnes, sculptures, gravures, etc... La grande classe ! C'est ce qu'on appelle le plus beau métro du monde !
A part cela, Moscou apparaît un peu froide et surdimensionnée avec ses larges avenues, ses embouteillages monstres et peu pratique pour les modestes piétons que nous sommes, souvent obligés d'emprunter d'immenses (et irréversibles?) passages souterrains bien glauques.
Ceci-dit, force est de constater que les signes du passé soviétique du pays sont encore bien visibles aux murs, plafonds ou portes, dans les vieux magasins, le métro ou sur les immeubles et nos amis russes semblent en être plutôt fiers.


S'ensuit une nouvelle migration vers l'ex Léningrad, ayant retrouvé depuis 1991, son nom d'origine: Saint-Pétersbourg. Absolument magnifique! Une des plus belles villes qu'on ait traversée durant notre voyage.



Dans cette ancienne capitale russe, pointe un petit air parisien et l'influence européenne se fait nettement sentir le long de ses berges, dans ses palais et ses musées grandioses dont l'incontournable Ermitage présente de superbes collections internationales de tableaux ainsi que des vestiges archéologiques. Les plafonds et les murs des salles sont incroyablement surchargés de motifs, en relief ou non. Une atmosphère de faste et de clinquant rend ici palpable l'époque impériale.



Aux alentours de la ville se situe même un Versailles local, le château Petrodvorets, féérique avec ses jardins et fontaines sous un temps qui ne cesse d'être radieux.


Nous pousserons même nos guêtres jusqu'à d'anciens entrepôts industriels reconvertis en centre d'art contemporain, comme pour se prouver qu'on peut être tour-du-mondistes et aller voir des expos de bobo fashion ;-)

La très sympathique guesthouse SoulKitchen, dans laquelle nous logeons, rendra notre séjour d'autant plus chaleureux. Au programme: bouffes home-made ("You, frenchies, are really good cookers" dixit Richard, sympathique américain de Caroline-du-Nord, devant notre purée-côte-de-porc on ne peut plus basique), discussions, sessions guitares avec de nombreux autres voyageurs et même pub-crawl dansant sous la houlette du DJ-gérant de l'auberge pour découvrir le Saint-Pétersbourg un peu plus underground...

Bref notre étape saint-pétersbourgeoise clôture parfaitement notre séjour russe qui nous a particulièrement enjoués malgré les premières impressions quelques peu froides ou austères que ce peuple et le climat peuvent dégager de prime abord... Finalement, on en redemande !



Prochaine étape: les pays baltes...

Portez-vous bien.

C. & J.

Lecture: Voyage vers l'An Mil (Avraham B. Yehoshua)


vendredi 1 octobre 2010

Russie : Transsibérien de Vladivostok au lac Baïkal


Ça y est, après dix mois et demi de vadrouille, nous entamons notre retour en Europe et Vladivostok sera le point de départ de ce voyage dans le voyage.

À la suite des six derniers mois passés en Asie du Sud-Est, sous la chaleur de tropiques vivants et accueillants, l'acclimatation à la Russie s'avère un peu délicate pour C.... Arrivée à l'aéroport sous un froid de canard (des mois qu'on n'avait pas mis ne serait-ce qu'un manches-longues), la pluie, une tentative de stop ratée et onéreuse, le chauffeur qui nous dépose dans une vieille gare au milieu de nulle part. Gare tellement glauque que nous préférons le bus malgré l'incertitude de sa destination... Bus animé par un clochard complètement saoul auquel s'ajoutent de beaux bébés aux têtes patibulaires tout droit sortis de vidéos de hooligans russes sur YouTube... Heureusement ou plutôt malheureusement pour nous, le clochard est la seule personne qui parle quelques mots d'anglais... Il s'attache un peu trop affectueusement au bras de J. pendant plus d'une heure et nous alerte gentiment sur la prostitution très présente (et pas chère) ainsi que le risque de nous faire agresser si nous nous promenons tard le soir. En cas de problème il nous laisse son numéro de téléphone... Arf !
Terminus du bus, il est déjà 22h, nuit noire, pluie, toujours des géants au visage peu avenant, taxi, hôtel... enfin appartement situé au coeur d'un ensemble d'immeubles style bonne vieille cité HLM, complètement ghetto... Bienvenue en Russie!

Fort heureusement, nous y trouvons un accueil chaleureux et des gens charmants : un couple d'anglais qui fait le tour du monde à moto et en deux ans, un autre, germano-bolivien, qui interrompt le sien pour cause de grossesse surprise (aïe !) ainsi que Saskia et Sven, originaires du pays de Goethe qui nous accompagneront tour à tour les jours suivants.

Rapidement, nous comprenons qu'il ne fallait pas s'arrêter à nos premières impressions de goliaths sans coeur que nos amis russes dégagent et que, pour ne rien gâcher, ils sont accompagnés de superbes top-modèles (vraiment!).

C'est donc avec un regard nouveau et tout excités à l'idée de franchir cette nouvelle étape de notre voyage que nous arpentons la -tout à coup plus charmante- ville de Vladisvotok sous un soleil cette fois radieux (avec la pluie c'est vraiment pas la même athmosphère...).


Au programme : église orthodoxe (vive la mariée!), vaste place ornée d'imposantes statues soviétiques (salut à toi Vladimir Ilitch Oulianov!) au milieu de laquelle s'est perdu un DJ d'origine africaine jouant du jumbé, sous l'oeil quelque peu étonné des badauds -alcoolo ou pas-, visite d'un ancien sous-marin reconverti en musée, d'un grand magasin (GOUM) survivant de l'époque soviétique et ascension de la colline afin de jouir d'une jolie vue sur la Golden Bay.


Ultime étape de la journée : l'achat de nos premiers billets pour le mythique transsibérien. On nous avait prévenus... et on n'a pas été déçus... Une énième épreuve de patience et d'endurance pour obtenir nos précieux sésames : manière de faire la queue dont on ne saisit pas toutes les subtilités, discrétion des indications de toute façon en cyrillique, personnel 100% russophone qui ne fait aucun effort pour nous comprendre, d'une aimabilité à faire pâlir un chinois de mauvaise humeur (c'est dire!)... Et on ne vous parle pas de la machine à carte bleue au fonctionnement peu pratique... Enfin, l'essentiel c'est le résultat et là encore on frôle le sans faute, nos billets en platskart (troisième classe, avec les prolos!) en poche, nous sommes les rois du monde et l'avenir est à nous !


C'est parti pour trois jours et demi de train depuis la très belle gare de Vladivostok en Extrême Orient russe afin de rejoindre Irkoutsk, au cœur de la Sibérie. 4107 km à parcourir à travers les steppes, les forêts de boulots, traversant la taïga, Tchita, Khabarovsk, longeant les bords du fleuve Amour et ceux du lac Baïkal, dégustant le poisson local, l'omoul, fraichement fumé et vendu par de plus-très-jeunes babouchkas. Vraiment un régal !
Les étendues vierges revêtent tantôt les plus belles couleurs de l'automne, tantôt un blanc manteau de neige.




En chemin, le train s'arrête dans des gares de villes noyées sous une tristesse à faire déprimer le plus heureux des hommes. La grisaille, le froid et la pauvreté qui les entourent nous font un peu mieux comprendre pourquoi la vodka fait tant de ravage en Russie (l'espérance de vie d'un homme est ici inférieure à 60ans).

Mais en ce qui nous concerne, nous sommes bien installés dans notre wagon du train #7. Le samovar -source permanente d'eau chaude- nous permet de manger nos nouilles instantanées (et les soupes miso, merci à Elle) ainsi que de boire nos muliples cafés quotidiens. Le wagon restaurant au kitchissime décor plus que rétro, offre de partager quelques bières locales avec Saskia notre camarade allemande qui est, elle, en koupé (2ème classe). Pour la rejoindre nous traversons une bonne dizaine de voitures, ce qui n'est pas aisé puisqu'il faut enjamber divers obstacles, éviter les pieds qui dépassent, prendre garde aux verres d'eau bouillante qui se baladent, fendre de véritables aquariums de fumée, faire attention dans les virages, etc... Mais le jeu en vaut la chandelle et la Baltika 3 n'en est que meilleure...

On pourrait penser qu'on s'ennuie pendant plus de trois jours dans ce train... mais en réalité, pas du tout. On y rencontre des gars du Tadjikistan travaillant dans les îles Sakhaline à l'Est de la Russie et rentrant chez eux en plus de douze jours de train... on passe pour des petits joueurs à côté... Quelques bouquins dont l'excellent Blaise Cendrars, quelques podcasts, à manger et de longues contemplations de l'infini et multicolore paysage qui s'étale devant nous suffisent amplement à nous combler. Tels une dolorean, nous traversons l'espace et le temps, les fuseaux horaires défilant au grès des kilomètres. Notre ami Blaise le dit si bien dans sa prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France:
"Et l'avance perpétuelle du train
Tous les matins on met les montres à l'heure
Le train avance et le soleil retarde".


Arrivée à Irkoutsk, le temps de trouver quelques liquidités, de prendre une vraie bonne grosse douche bien chaude et dès le lendemain, nous rejoignons l'île de Olkhon, au cœur du Baïkal. Ce lac est le plus profond au monde, mesure plus de 600 km du Nord au Sud et contient un cinquième des réserves d'eau douce de la Terre (plus que les cinqs grands lacs nord-américains réunis !).



Nous nous posons dans un hôtel style ecolodge composé de petits chalets tout en bois (un peu "à la Boucle d'or" dixit C.). Sont incluses les toilettes sèches avec copeaux en guise de chasse d'eau (Japon tu nous manques...) et douche au seau et sauna en Bania. Ça fait un peu repère de backpackers, mais on y fera de belles rencontres car ceux qui viennent jusqu'ici sont forcément un peu aventuriers. S'en suivront des soirées bien animées avec Johnny B Goode, l'accordéoniste-pianiste-guitariste russe ("Imagine you are in India... Do you know India?" comprenne qui pourra ;-)), chants traditionnels et feu de bois sur la plage accompagné de hollandaises fan de Louise Attaque et de notre Patrick B. national ("He's a world champion of poker, you know?").
Bref, malgré le froid et le vent auxquels nous ne sommes pas encore bien habitués, nous passerons cinq jours superbes au bord de ce lac au bleu cristallin (bleu qui évolue au fil des jours pour notre plus grand plaisir), entouré de montagnes, falaises rocheuses grandioses et steppes désertiques.



On ne comprend pas bien pourquoi ce site est si peu connu tant il est magique mais c'est mieux pour nous et nos trois acolytes : Sven notre pote allemand de Vladivostok auquel s'ajoutent Cerise et Matthias couple de français en route pour un beau voyage, forts sympathiques, on rigole bien tous les cinq, secoués dans notre van des années 70 au milieu des bosses ou lorsque l'on se bat contre un vent -disons-le sans hésiter- stratosphérique, en admirant de magnifiques couchers de soleil...




Mais le temps passe vite et il est déjà l'heure de nous séparer de nos nouveaux amis (bon vent à vous amigos!) pour reprendre la route, ou plutôt le train, vers notre prochaine étape : Moscou, ville des mille et trois clochers et des sept gares (toujours de B. C. comme le rappelle si bien PM). C'est un nouveau périple dans ce train à part qui nous attend, plus de trois jours et demi et 5185km à parcourir...

La suite au prochain épisode...

C. & J.

Lectures : Le maître du jeu (John Grisham) / Blaise Cendrars, poésies complètes vol. 1 / Rupture de contrat (Harlan Coben).
Playlist : les ogres de Barback.



dimanche 19 septembre 2010

Kanasawa, Takayama, Tokyo

Avant de rejoindre la turbulente capitale niponne, nous choisissons de faire une petite pause dans les "Alpes japonaises", toujours sur l'île de Honshu. On y trouve, pour notre plus grand plaisir, un climat plus doux et une tranquillité bienvenue.

Première étape : Kanasawa. Cette ville est réputée pour son poumon vert en plein coeur de la ville : le Kenroku-en, vaste jardin japonais avec de petits lacs, cascades, jolis ruisseaux et canaux. Les cerisiers malheureusement ne sont pas fleuris mais d'autres arbres les côtoient, parfaitement taillés, soutenus, (dé)formés pour un résultat à l'esthétisme parfait... Petit regret permanent et inhérent au Japon : on ne peut pas s'y balader comme on veut, on doit suivre des allées bien délimitées. Dommage de ne pas pouvoir aller s'allonger dans l'herbe avec un bon bouquin par exemple...



Kanasawa possède également de petits quartiers dont l'ambiance et l'architecture nous plongent dans l'époque des samouraïs et des geishas.


La mignonne guesthouse dans laquelle nous logeons au style parfaitement japonais (portes coulissantes, tatamis et tout le tralala...), au proprio adorable, ne fait que qu'entretenir le charme de cette cité.

Cap ensuite sur Takayama, entourée de montagnes verdoyantes, qui elle aussi, a su garder un cachet traditionnel.
Le quartier Sanmachi concentre encore de vieilles demeures de marchands datant de l'époque Edo et converties aujourd'hui en échoppes de saké.



Nous ne nous lassons pas de flâner dans ses environs entre temples mignons tout plein, sanctuaires shintoïstes et un village traditionnel des siècles passés : Hida. Il regroupe plusieurs maisons typiques japonaises aux toits de chaume, déplacées voire reconstruites à l'identique. Instructif !
Pour faire la totale dans le traditionnel, nous choisissons également de passer la nuit dans un ryokan, hébergement typique japonais, nous parant de kimonos mis à notre disposition... Si c'est pas mignon tout ça...


Bref, une petite pause au calme qui fut une excellente étape avant de rejoindre l'une des plus grande métropole du monde : Tokyo. Cette agglomération est un concentré de toutes les excentricités rencontrées jusque-là caractérisant si bien le Japon. Citons pêle-mêle les salles de pachinko sur plusieurs étages, ahurissantes de bruit et quelque peu dénuées d'interêt mais ce sont les seules machines à sous autorisées par la loi japonaise... Ils en sont complètement dingues mais franchement on ne comprend pas bien pourquoi !!!

Ce qui nous a également bien plu à Tokyo, c'est le tournoi de Sumo !!! Un must ! Des centaines de kilos de muscles entourés de graisse, s'affrontant un court instant apres un cérémoniel bien huilé, dans une ambiance de feu ! On ne regrette pas, mais vraiment pas du tout le déplacement. Quel esthétisme (sic) et quel engagement !



Il y a aussi ces jingles dans les gares sur des airs de génériques de dessins-animés (oui oui, on a reconnu la musique de Astro le petit Robot précédant l'annonce de l'arrivée de notre métro), métro qui possède d'ailleurs des wagons girls-only aux heures de pointe (les mains étant un peu trop baladeuses dans les voitures bondés paraît-il), des jeunes au look vestimentaire complètement déjanté (notamment ceux qu'on appelle les Cosplay et y en a vraiment pour tous les goûts... du hardos à la barbie en passant par les personnages de manga) : la mode est un concept avec lequel on ne rigole pas ici : cheveux teintés aux couleurs d'occidentaux, faux cils, manucure (très) visible et hauts talons constituent la base de toute fashion woman locale.


Il y a aussi bien sûr des écolières aux jupes plissées, des affichages lumineux surdimensionnés, des passages piétons bondés (cf. le réputé Shibuya crossing)...


Mais Tokyo c'est aussi le Tsukiji, plus vaste marché aux poissons du pays et véritable ville dans la ville avec ses chariots électriques (chauffards !), ses rues, ses allées, ses vendeurs. Un petit monde qui grouille tout au long de la nuit sous d'énormes halles donc le pic d'activité se situe vers 3-4 heures du mat' à l'heure de la criée. Bon, on avoue, on n'a pas réussi à y aller si tôt. Mais même à l'heure de notre arrivée, à l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, voir tout ce petit monde s'activer, la diversité des stands de poissons, le transport et la découpe des thons valaient bien ce réveil très matinal.



Bon sinon, on continue sur notre lancée culinaire, nous remplissant allègrement la panse tels de petits somaliens affamés, hallucinant sur les présentoirs en plastique, représentant leurs plats imités à la perfection...

Nos derniers jours au Japon furent également très sympathiques grâce à Akiko et Kazuko, qui nous ont accueillis comme des rois, mettant pour nous les petits plats dans les grands, disponibles et si gentilles. On les remercie encore chaleureusement !

Définitivement, les japonais sont les gens les plus adorables qu'on ait rencontrés pendant notre voyage. Coiffant sur le fil nos amis birmans qui étaient jusque là solidement ancrés en tête de notre classement "sympathie et gentillesse dans le monde". Après, on n'est pas dupes, il n'y a pas que des gentils non plus dans cette société niponne... Saviez-vous par exemple que si quelqu'un se suicide sous un train, sa famille est condamnée à payer de lourdes indemnités pour chaque minute de retard occasionnée?

Voilà, nous quittons le pays du soleil levant, on y reviendra un jour, c'est certain ! Mais pour l'instant, la prochaine destination c'est Vladivostok histoire de prendre un petit train pour commencer à rentrer en Europe...


Bisous


J. & C.


Lectures : La vie rêvée des plantes de Lee Seung U / So foot juillet-août 2010.
Playlist : Otis Redding

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