vendredi 1 octobre 2010

Russie : Transsibérien de Vladivostok au lac Baïkal


Ça y est, après dix mois et demi de vadrouille, nous entamons notre retour en Europe et Vladivostok sera le point de départ de ce voyage dans le voyage.

À la suite des six derniers mois passés en Asie du Sud-Est, sous la chaleur de tropiques vivants et accueillants, l'acclimatation à la Russie s'avère un peu délicate pour C.... Arrivée à l'aéroport sous un froid de canard (des mois qu'on n'avait pas mis ne serait-ce qu'un manches-longues), la pluie, une tentative de stop ratée et onéreuse, le chauffeur qui nous dépose dans une vieille gare au milieu de nulle part. Gare tellement glauque que nous préférons le bus malgré l'incertitude de sa destination... Bus animé par un clochard complètement saoul auquel s'ajoutent de beaux bébés aux têtes patibulaires tout droit sortis de vidéos de hooligans russes sur YouTube... Heureusement ou plutôt malheureusement pour nous, le clochard est la seule personne qui parle quelques mots d'anglais... Il s'attache un peu trop affectueusement au bras de J. pendant plus d'une heure et nous alerte gentiment sur la prostitution très présente (et pas chère) ainsi que le risque de nous faire agresser si nous nous promenons tard le soir. En cas de problème il nous laisse son numéro de téléphone... Arf !
Terminus du bus, il est déjà 22h, nuit noire, pluie, toujours des géants au visage peu avenant, taxi, hôtel... enfin appartement situé au coeur d'un ensemble d'immeubles style bonne vieille cité HLM, complètement ghetto... Bienvenue en Russie!

Fort heureusement, nous y trouvons un accueil chaleureux et des gens charmants : un couple d'anglais qui fait le tour du monde à moto et en deux ans, un autre, germano-bolivien, qui interrompt le sien pour cause de grossesse surprise (aïe !) ainsi que Saskia et Sven, originaires du pays de Goethe qui nous accompagneront tour à tour les jours suivants.

Rapidement, nous comprenons qu'il ne fallait pas s'arrêter à nos premières impressions de goliaths sans coeur que nos amis russes dégagent et que, pour ne rien gâcher, ils sont accompagnés de superbes top-modèles (vraiment!).

C'est donc avec un regard nouveau et tout excités à l'idée de franchir cette nouvelle étape de notre voyage que nous arpentons la -tout à coup plus charmante- ville de Vladisvotok sous un soleil cette fois radieux (avec la pluie c'est vraiment pas la même athmosphère...).


Au programme : église orthodoxe (vive la mariée!), vaste place ornée d'imposantes statues soviétiques (salut à toi Vladimir Ilitch Oulianov!) au milieu de laquelle s'est perdu un DJ d'origine africaine jouant du jumbé, sous l'oeil quelque peu étonné des badauds -alcoolo ou pas-, visite d'un ancien sous-marin reconverti en musée, d'un grand magasin (GOUM) survivant de l'époque soviétique et ascension de la colline afin de jouir d'une jolie vue sur la Golden Bay.


Ultime étape de la journée : l'achat de nos premiers billets pour le mythique transsibérien. On nous avait prévenus... et on n'a pas été déçus... Une énième épreuve de patience et d'endurance pour obtenir nos précieux sésames : manière de faire la queue dont on ne saisit pas toutes les subtilités, discrétion des indications de toute façon en cyrillique, personnel 100% russophone qui ne fait aucun effort pour nous comprendre, d'une aimabilité à faire pâlir un chinois de mauvaise humeur (c'est dire!)... Et on ne vous parle pas de la machine à carte bleue au fonctionnement peu pratique... Enfin, l'essentiel c'est le résultat et là encore on frôle le sans faute, nos billets en platskart (troisième classe, avec les prolos!) en poche, nous sommes les rois du monde et l'avenir est à nous !


C'est parti pour trois jours et demi de train depuis la très belle gare de Vladivostok en Extrême Orient russe afin de rejoindre Irkoutsk, au cœur de la Sibérie. 4107 km à parcourir à travers les steppes, les forêts de boulots, traversant la taïga, Tchita, Khabarovsk, longeant les bords du fleuve Amour et ceux du lac Baïkal, dégustant le poisson local, l'omoul, fraichement fumé et vendu par de plus-très-jeunes babouchkas. Vraiment un régal !
Les étendues vierges revêtent tantôt les plus belles couleurs de l'automne, tantôt un blanc manteau de neige.




En chemin, le train s'arrête dans des gares de villes noyées sous une tristesse à faire déprimer le plus heureux des hommes. La grisaille, le froid et la pauvreté qui les entourent nous font un peu mieux comprendre pourquoi la vodka fait tant de ravage en Russie (l'espérance de vie d'un homme est ici inférieure à 60ans).

Mais en ce qui nous concerne, nous sommes bien installés dans notre wagon du train #7. Le samovar -source permanente d'eau chaude- nous permet de manger nos nouilles instantanées (et les soupes miso, merci à Elle) ainsi que de boire nos muliples cafés quotidiens. Le wagon restaurant au kitchissime décor plus que rétro, offre de partager quelques bières locales avec Saskia notre camarade allemande qui est, elle, en koupé (2ème classe). Pour la rejoindre nous traversons une bonne dizaine de voitures, ce qui n'est pas aisé puisqu'il faut enjamber divers obstacles, éviter les pieds qui dépassent, prendre garde aux verres d'eau bouillante qui se baladent, fendre de véritables aquariums de fumée, faire attention dans les virages, etc... Mais le jeu en vaut la chandelle et la Baltika 3 n'en est que meilleure...

On pourrait penser qu'on s'ennuie pendant plus de trois jours dans ce train... mais en réalité, pas du tout. On y rencontre des gars du Tadjikistan travaillant dans les îles Sakhaline à l'Est de la Russie et rentrant chez eux en plus de douze jours de train... on passe pour des petits joueurs à côté... Quelques bouquins dont l'excellent Blaise Cendrars, quelques podcasts, à manger et de longues contemplations de l'infini et multicolore paysage qui s'étale devant nous suffisent amplement à nous combler. Tels une dolorean, nous traversons l'espace et le temps, les fuseaux horaires défilant au grès des kilomètres. Notre ami Blaise le dit si bien dans sa prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France:
"Et l'avance perpétuelle du train
Tous les matins on met les montres à l'heure
Le train avance et le soleil retarde".


Arrivée à Irkoutsk, le temps de trouver quelques liquidités, de prendre une vraie bonne grosse douche bien chaude et dès le lendemain, nous rejoignons l'île de Olkhon, au cœur du Baïkal. Ce lac est le plus profond au monde, mesure plus de 600 km du Nord au Sud et contient un cinquième des réserves d'eau douce de la Terre (plus que les cinqs grands lacs nord-américains réunis !).



Nous nous posons dans un hôtel style ecolodge composé de petits chalets tout en bois (un peu "à la Boucle d'or" dixit C.). Sont incluses les toilettes sèches avec copeaux en guise de chasse d'eau (Japon tu nous manques...) et douche au seau et sauna en Bania. Ça fait un peu repère de backpackers, mais on y fera de belles rencontres car ceux qui viennent jusqu'ici sont forcément un peu aventuriers. S'en suivront des soirées bien animées avec Johnny B Goode, l'accordéoniste-pianiste-guitariste russe ("Imagine you are in India... Do you know India?" comprenne qui pourra ;-)), chants traditionnels et feu de bois sur la plage accompagné de hollandaises fan de Louise Attaque et de notre Patrick B. national ("He's a world champion of poker, you know?").
Bref, malgré le froid et le vent auxquels nous ne sommes pas encore bien habitués, nous passerons cinq jours superbes au bord de ce lac au bleu cristallin (bleu qui évolue au fil des jours pour notre plus grand plaisir), entouré de montagnes, falaises rocheuses grandioses et steppes désertiques.



On ne comprend pas bien pourquoi ce site est si peu connu tant il est magique mais c'est mieux pour nous et nos trois acolytes : Sven notre pote allemand de Vladivostok auquel s'ajoutent Cerise et Matthias couple de français en route pour un beau voyage, forts sympathiques, on rigole bien tous les cinq, secoués dans notre van des années 70 au milieu des bosses ou lorsque l'on se bat contre un vent -disons-le sans hésiter- stratosphérique, en admirant de magnifiques couchers de soleil...




Mais le temps passe vite et il est déjà l'heure de nous séparer de nos nouveaux amis (bon vent à vous amigos!) pour reprendre la route, ou plutôt le train, vers notre prochaine étape : Moscou, ville des mille et trois clochers et des sept gares (toujours de B. C. comme le rappelle si bien PM). C'est un nouveau périple dans ce train à part qui nous attend, plus de trois jours et demi et 5185km à parcourir...

La suite au prochain épisode...

C. & J.

Lectures : Le maître du jeu (John Grisham) / Blaise Cendrars, poésies complètes vol. 1 / Rupture de contrat (Harlan Coben).
Playlist : les ogres de Barback.



4 commentaires:

  1. J'ai un peu de mal avec les distances, par là-bas. Tout paraît tellement immense, démesuré... Et les photos donnent l'impression d'une certaine fraîcheur.Ceci dit, ça semble super de pouvoir errer en compagnie d'autres errants.
    Ca va me faire bizarre de ne plus courir le monde sur votre blog. Peut-être pourrez-vous le continuer à Paname?
    Baisers très momentanément parisiens (et fraîchement pluvieux) de Elle

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  2. 'yo....

    Putain human punk.... tu l'as fait. Ca donne envie

    gros WE pour le mariage de Najib pour une belle bande de ....'.... et quelques autres.

    passe au chinese pilot à Moscou c'est pas mal.

    a bientôt à vous deux

    VoR

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  3. Baltika "3" ?? Petit joueur! Faites péter la Baltika 7 pour la suite du trajet!!

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  4. Je continue sur délire Human punk!!

    Histoire de savoir si dans le transibérien, vous avez fait comme le héros lorsqu'il rencontre une belle et inconnue russe.... :o)

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