dimanche 19 septembre 2010

Kanasawa, Takayama, Tokyo

Avant de rejoindre la turbulente capitale niponne, nous choisissons de faire une petite pause dans les "Alpes japonaises", toujours sur l'île de Honshu. On y trouve, pour notre plus grand plaisir, un climat plus doux et une tranquillité bienvenue.

Première étape : Kanasawa. Cette ville est réputée pour son poumon vert en plein coeur de la ville : le Kenroku-en, vaste jardin japonais avec de petits lacs, cascades, jolis ruisseaux et canaux. Les cerisiers malheureusement ne sont pas fleuris mais d'autres arbres les côtoient, parfaitement taillés, soutenus, (dé)formés pour un résultat à l'esthétisme parfait... Petit regret permanent et inhérent au Japon : on ne peut pas s'y balader comme on veut, on doit suivre des allées bien délimitées. Dommage de ne pas pouvoir aller s'allonger dans l'herbe avec un bon bouquin par exemple...



Kanasawa possède également de petits quartiers dont l'ambiance et l'architecture nous plongent dans l'époque des samouraïs et des geishas.


La mignonne guesthouse dans laquelle nous logeons au style parfaitement japonais (portes coulissantes, tatamis et tout le tralala...), au proprio adorable, ne fait que qu'entretenir le charme de cette cité.

Cap ensuite sur Takayama, entourée de montagnes verdoyantes, qui elle aussi, a su garder un cachet traditionnel.
Le quartier Sanmachi concentre encore de vieilles demeures de marchands datant de l'époque Edo et converties aujourd'hui en échoppes de saké.



Nous ne nous lassons pas de flâner dans ses environs entre temples mignons tout plein, sanctuaires shintoïstes et un village traditionnel des siècles passés : Hida. Il regroupe plusieurs maisons typiques japonaises aux toits de chaume, déplacées voire reconstruites à l'identique. Instructif !
Pour faire la totale dans le traditionnel, nous choisissons également de passer la nuit dans un ryokan, hébergement typique japonais, nous parant de kimonos mis à notre disposition... Si c'est pas mignon tout ça...


Bref, une petite pause au calme qui fut une excellente étape avant de rejoindre l'une des plus grande métropole du monde : Tokyo. Cette agglomération est un concentré de toutes les excentricités rencontrées jusque-là caractérisant si bien le Japon. Citons pêle-mêle les salles de pachinko sur plusieurs étages, ahurissantes de bruit et quelque peu dénuées d'interêt mais ce sont les seules machines à sous autorisées par la loi japonaise... Ils en sont complètement dingues mais franchement on ne comprend pas bien pourquoi !!!

Ce qui nous a également bien plu à Tokyo, c'est le tournoi de Sumo !!! Un must ! Des centaines de kilos de muscles entourés de graisse, s'affrontant un court instant apres un cérémoniel bien huilé, dans une ambiance de feu ! On ne regrette pas, mais vraiment pas du tout le déplacement. Quel esthétisme (sic) et quel engagement !



Il y a aussi ces jingles dans les gares sur des airs de génériques de dessins-animés (oui oui, on a reconnu la musique de Astro le petit Robot précédant l'annonce de l'arrivée de notre métro), métro qui possède d'ailleurs des wagons girls-only aux heures de pointe (les mains étant un peu trop baladeuses dans les voitures bondés paraît-il), des jeunes au look vestimentaire complètement déjanté (notamment ceux qu'on appelle les Cosplay et y en a vraiment pour tous les goûts... du hardos à la barbie en passant par les personnages de manga) : la mode est un concept avec lequel on ne rigole pas ici : cheveux teintés aux couleurs d'occidentaux, faux cils, manucure (très) visible et hauts talons constituent la base de toute fashion woman locale.


Il y a aussi bien sûr des écolières aux jupes plissées, des affichages lumineux surdimensionnés, des passages piétons bondés (cf. le réputé Shibuya crossing)...


Mais Tokyo c'est aussi le Tsukiji, plus vaste marché aux poissons du pays et véritable ville dans la ville avec ses chariots électriques (chauffards !), ses rues, ses allées, ses vendeurs. Un petit monde qui grouille tout au long de la nuit sous d'énormes halles donc le pic d'activité se situe vers 3-4 heures du mat' à l'heure de la criée. Bon, on avoue, on n'a pas réussi à y aller si tôt. Mais même à l'heure de notre arrivée, à l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, voir tout ce petit monde s'activer, la diversité des stands de poissons, le transport et la découpe des thons valaient bien ce réveil très matinal.



Bon sinon, on continue sur notre lancée culinaire, nous remplissant allègrement la panse tels de petits somaliens affamés, hallucinant sur les présentoirs en plastique, représentant leurs plats imités à la perfection...

Nos derniers jours au Japon furent également très sympathiques grâce à Akiko et Kazuko, qui nous ont accueillis comme des rois, mettant pour nous les petits plats dans les grands, disponibles et si gentilles. On les remercie encore chaleureusement !

Définitivement, les japonais sont les gens les plus adorables qu'on ait rencontrés pendant notre voyage. Coiffant sur le fil nos amis birmans qui étaient jusque là solidement ancrés en tête de notre classement "sympathie et gentillesse dans le monde". Après, on n'est pas dupes, il n'y a pas que des gentils non plus dans cette société niponne... Saviez-vous par exemple que si quelqu'un se suicide sous un train, sa famille est condamnée à payer de lourdes indemnités pour chaque minute de retard occasionnée?

Voilà, nous quittons le pays du soleil levant, on y reviendra un jour, c'est certain ! Mais pour l'instant, la prochaine destination c'est Vladivostok histoire de prendre un petit train pour commencer à rentrer en Europe...


Bisous


J. & C.


Lectures : La vie rêvée des plantes de Lee Seung U / So foot juillet-août 2010.
Playlist : Otis Redding

dimanche 12 septembre 2010

Japon : Osaka, Kyoto, Nara et Kobe

Après 24 heures de traversée en haute mer, nous entrons progressivement dans l'archipel japonais. Sur le pont de notre ferry balayé par un vent violent, nous observons, excités comme des puces, les nombreuses îles qui s'offrent à nous. Des centaines de kilomètres nous séparent encore de notre porte d'entrée au pays du soleil levant mais déjà le fait de naviguer entre Kyushu, Honshu et Shikoku nous enchante.
Le lendemain matin, notre ferry jette enfin l'ancre au cœur du Kansai à Osaka. Ça y est, nous sommes au Japon, depuis le temps qu'on en rêvait! Après plus de cinq mois passés en Asie du Sud-Est, ça fait plaisir de passer un peu à autre chose... Inutile de vous dire qu'on est chaud-bouillants !
À peine débarqués, décision est prise de faire d'Osaka notre camp de base et d'explorer depuis celui-ci les principaux sites touristiques des alentours (notamment la capitale impériale nippone pendant près de onze siècles: Kyoto). C'est vrai qu'entre la vie nocturne d'Osaka, l'hébergement bon marché et la qualité des transports en commun (quelle magnifique idée d'avoir pris ces Japan Rail Pass!), on est vraiment bien. Pour ne rien gâcher, nous avons un contact -pote de C.- sur place en la personne de J-P. Vivant ici depuis plusieurs années et originaire du 15ème, il nous fait découvrir ses bons plans : restaus, bars, rues, etc... Merci à lui pour tout et à bientôt à Paname qui reste le roi des patelins !

Mais revenons au Japon. On trouve ici beaucoup des représentations qu'on s'en faisait : de magnifiques temples (dont nos préférés le Ginkaku-ji ou pavillon d'argent et le Kiomizu-Dera à Kyoto)...


...d'étranges jardins zens aux arbres et bonsaïs parfaitement bien taillés, aux graviers alignés nickel-chrome ("Tu penses qu'ils les ont mis un par un?")...


... des ruelles bordées de jolies maisons en bois...


...des femmes en kimono (et même les célèbres geishas aperçues furtivement dans les rues de Gion à Kyoto).

Le tout parfaitement intégré à un espace urbain moderne et pratique. Traditions et modernité en somme.
Un petit regret tout de même, durant toutes les visites de temples et de jardins, aussi beaux soient-ils, il y a quelque chose de très, mais alors très frustrant : on vous impose votre cheminement... Ici point de liberté individuelle, point de hors-piste, on suit les lignes... Impossible de se poser dans l'herbe, à l'écart pour contempler un lac ni d'entrer dans certaines pièces des pavillons. La curiosité serait-elle un vilain défaut ?

Mais le Japon c'est aussi les petits détails qui font la différence... Parmi ceux-ci, citons les écolières et écoliers en uniformes, comme dans les mangas ;-), les gens déguisés pour Halloween alors qu'on est un jeudi soir tout ce qu'il y a de plus banal, les bars à suchis où l'on se régale de manière illimitée (pas si chers que ça dans les coins populaires), la tendresse de leur sashimis fondant sous nos langues émerveillées, les okonomiyaki, etc...

Cette nourriture, simple mais tellement bonne, accompagne harmonieusement la gentillesse des gens, leur respect mutuel... Ici point d'énervement lorsque quelqu'un vous bouscule dans un métro bondé mais excuses réciproques. Il y a toujours une âme charitable pour vous aider lorsque vous êtes perdus, dans le train ou la ville (ah oui ça aussi c'est rigolo, pas d'adresse avec numéro et nom de rue mais juste le nom du quartier... C'est assez drôle (au début) quand, arrivant de bon matin, vous n'avez comme seule adresse qu'un énigmatique "Hôtel tartampion, quartier bidule". Là encore, toujours quelqu'un pour vous accompagner jusque devant la porte !). Sans vouloir généraliser, ils sont vraiment adorables (limite lèche-cul de notre point de vue occidental). D'ailleurs, le client ici n'est pas roi, il est Dieu... Même le contrôleur se met en quatre (et se plie en deux) pour verifier votre titre de transport bien que de toutes façons, personne ne fraude...

On tenait aussi à vous faire partager un aspect que les japonais ne negligent pas du tout : la propreté. Irréprochable bien sûr (malgré la quasi-absence de poubelles dans les rues, étonnant!) : on se déchausse dans les maisons et parfois même dans les restos, on nous apporte une serviette chaude et humide avant chaque repas... Les douches sont nickelles même dans les pensions les plus modestes où il faut parfois prendre son bain en commun (filles et garçons séparés bien sûr), sans aucun complexe dirons-nous et à heures fixes...Mais quand on parle propreté au Japon, on ne peut omettre de citer la qualité de leurs toilettes !!! Celles des malls de Singapour paraissent fades en comparaison. En effet, outre l'immaculé espace qui s'offre à vous, c'est sur un véritable concentré de technologie que vous siégez, all inclusive : lunette chauffante à température réglable, jets d'eau nettoyants à angle variable selon l'usage, fonction séchage (c'est le meilleur ;-)), ainsi que moulte autres fonctionalités qu'on n'a pas encore pu tester parce que les télécommandes sont en japonais et qu'on ne comprend que les dessins...

Franchement, rien que pour cette télécommande ça vaut le coup de venir ici !


Bref, malgré ce qu'on imaginait avant d'arriver, malgré les traquenards de J-P du samedi soir, malgré nos longues déambulations pédestres quotidiennes à Osaka, Kyoto, Nara et Kobe, cet environnement nous est plutôt reposant après plusieurs mois de frénésie chinoise et vietnamienne. Même les grandes villes comme Kyoto et Osaka nous paraissent presque zen... En même temps, nous ne sommes pas encore passés par Tokyo...

Outre Kyoto, les villes de Nara et Kobe, plus petites, sont également plaisantes. À Nara, on se balade au calme, en toute tranquillité. On trouve de vastes étendues boisées avec temples, sanctuaires et daims en liberté. De veritables bambis en chair et en os très peu farouches... Attention toutefois à ne pas jouer au touriste qui leur achète quelques gâteaux et finit par se retrouver encerclé, acculé, mordillé, raquetté par ses nouveaux amis à (belles) cornes...


Un merci particulier à J-P, Do et Alex B. pour leurs bons conseils qui nous ont fait gagné beaucoup de temps !
Depuis le pays du soleil levant (toujours avant nous, faut pas déconner quand même), on vous salue tels de véritables japonais, avec inclinaisons et tout et tout...
Bisous
J. & C.

Lectures : Le tunnel (Ernesto Sábato) et quelques Courrier international

samedi 4 septembre 2010

Shanghai et ferry vers le Japon

C'est un rapide train de nuit qui nous transporte de Hong Kong à Shanghai. Outre l'odeur des toilettes et la musique à fond, c'est plutôt confortable...

Arrivés sous une humide chaleur, nous comprenons tout de suite qu'ici les maîtres mots sont : "Better city, better life", placardés dans toute la ville (voire même en dessous) et rappelant à ceux qui vivraient en autarcie au fin fond du massif central que le grand empire du milieu organise ici l'Exposition Universelle.

Notre séjour à Shanghai s'avèrant plus long que prévu (la faute à une sombre histoire de Ferry pour le Japon qui ne circule qu'une fois par semaine...), nous décidons de tenter l'aventure Couchsurfing, littéralement "surf de canapé". Le concept est simple : un site internet met en relation, dans le monde entier, des milliers de gens prêts à recevoir et d'autres souhaitant être hébergés sans bourse delier.
Notre demande est rapidement acceptée et nous sommes accueillis pour la semaine -et comme des rois- dans le vaste appartement d'un expatrié américain, offrant chambre et salle de bain privée. Pour ne rien gâcher, c'est au 25ème étage que ça se passe. Outre le gite, cela fait du bien de rencontrer de nouvelles personnes, de partager des repas mijotés par nos soins (non baignés dans l'huile) en devisant amicalement et de se sentir un peu comme chez soi. Notre hôte, Devin, se révèle extrêmement sympathique et ouvert d'esprit. Un grand merci à lui pour cette semaine en lui souhaitant bon courage pour la suite... Message qu'il ne pourra malheureusement pas lire étant donné que la Chine n'aime pas notre blog... Censure quand tu nous tiens...


La semaine à Shanghai passe finalement très vite entre balades dans l'ancienne concession française, puis sur le Bund, excursion à Zushou (la Venise chinoise qui n'a en fait rien à voir avec son homologue italien mis à part quelques petits canaux), barbecue chez d'autres enfants de la bannière étoilée et shopping rapide (J. a craqué dans un temple de la contrefaçon pour une fausse Patek Philippe... Nan parce que s'il en a pas une avant 50 ans, il risque d'avoir râté sa vie...) :-p


Bien entendu, une journée entière fut consacrée à la visite de l'inévitable Shanghai Expo "Better city, better life".

Pour organiser cette petite sauterie, le gouvernement chinois a, comme à son habitude, mis les petits plats dans les grands et rasé des quartiers entiers pour constuire cet énorme site qui s'étale sur plusieurs centaines d'hectares. Pour aller avec, ils ont quasiment doublé le nombre de lignes de métro, ajouté de larges routes et centres commerciaux flambants neufs, fait des campagnes de sensibilisation aux bonnes manières (on ne crache pas partout... on ne double pas dans les queues, etc... Campagnes qui n'ont pas encore atteint leurs objectifs semble-t-il...). Bref, quand la Chine a décidé quelquechose, elle y met les moyens et comme ici pas de contestataires chez les expropriés... quelques yuans, un HLM à perpète et ouste... C'est quand même plus simple.


Bref, au vu de la fréquentation du site par des centaines de milliers de chinois (qui représentent plus de 90% des visiteurs), il est difficile d'entrer dans les "grands" pavillons sans faire plusieurs heures de queue... Bon, quand même, nos passeports nous permettrons de rentrer rapidement dans celui de la France... Mais nous en visiterons d'autres plus petits, peut-être un brin moins glamour mais surtout moins assaillis : Argentine, Croatie, Albanie, Angola, Azerbaidjan, Lituanie, etc... Ajoutez quand même le pavillon chinois parce que c'est le plus grand !

Nous sommes finalement un peu déçus du contenu des sites. Certes, l'extérieur des pavillons est étincellant et se pare de belles façades originales, créatives, jolies. On sent que les architectes se sont fait plaisir... Mais l'intérieur est essentiellement tourné vers quelques animations visuelles, très peu de panneaux explicatifs... tout est dans l'image... Un peu comme ce qui semble malheureusement dicter le monde... Rappelons que cette expo a été faite pour le peuple chinois, peuple qui semble aimer ce qui tape à l'oeil et (surtout) pas d'avoir à lire un panneau (ça prend du temps, ils sont pressés, incompatibilité, tout ça...).

Ce qui nous fascine le plus pendant notre visite de l'expo, c'est de regarder cette nouvelle Chine, celle qui monte, fière de montrer qu'elle fait maintenant partie des grands, qu'elle a de l'argent... Porte drapeau d'un goût que certaines mauvaises langues qualifieront de mauvais... On s'amuse donc à regarder s'activer tous ces chinois qui font la queue pendant des heures pour se précipiter, dans chaque pavillon, faire tamponner leur faux passeport acheté pour l'occasion et de se prendre en photo devant un zébu en plastique ou un baobab miniature... Une illusion de voyage quoi... Par contre, le reste : les pays, l'Histoire, les gens, etc... ils s'en moquent, ils sont heureux comme des enfants devant un sapin de Noël et le parti communiste chinois a amplement remporté son pari : les chinois sont fiers de leur pays, fiers de leur réussite, fiers de pouvoir se payer des sacs à main Louis Vuitton à des prix indécents et d'accueillir le monde dans leur "ville-vitrine".

Le temps d'aller goûter de délicieux moutons grillés dans un restau ouïghour (yes des chinois bazanés qui rigolent !), de récupérer nos Japan rail pass ainsi que nos tickets de ferry et nous quittons la Chine pour rejoindre une contrée plus orientale et plus exotique : le fameux et excitant Japon !


C'est parti pour deux jours très plaisants jusqu'à Osaka, à bord d'un Ferry où sont représentés chinois, japonais, mexicains, canadiens, australiens, anglais et nous, les p'tits français. Heureusement ces rencontres furent riches, faisant oublier la première horrible nuit de Capucine, allongée sur un tatami entre chinoises et japonaises qui ont passé leur temps à vomir, à cracher dans un bateau tanguant comme jamais...

Dans notre arche de Noé d'acier, les enfants jouent partout, jour et nuit, les businessmen un brin mafieux discutent, ivres d'Asahi du duty-free, les japonais prennent des bains chauds, les chinois font du karaoké... bref ça vit et c'est bien sympa !

On vous embrasse bien fort !
Prenez soin de vous.


J. & C.


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