lundi 21 juin 2010

Phnom Penh / Vietnam: Saigon, Dalat.


Nous clôturons notre séjour au Cambodge par un court passage dans sa capitale, Phnom Penh. Le temps d'une après-midi, nous nous plongeons dans la tristement célèbre prison S-21. Récent témoin de l'intemporelle et ambitieuse folie humaine, cet ancien lycée avait été reconverti en centre de détention et d'interrogatoire sous le régime de Pol Pot. Étrange et froide impressions dans ce lieu encore fortement marqué par les horreurs qui s'y sont déroulées. Laissé quasiment tel quel, à peine réaménagé et accompagné d'explications (très) succintes, il laisse au visiteur la liberté de ressentir de lui-même le malaise et la rage que suscite le témoignage de cette sombre partie de l'histoire cambodgienne.


Les lits de torture, surplombés d'imposantes photos des corps trouvés à l'arrivée des libérateurs font froids dans le dos... Assez glauque. Un tel processus d'extermination et ce à la fin des années 70 ! On ne parle pas du moyen-âge ou des camps nazis... Non, on parle d'un pays du Sud-Est asiatique à la fin des années 70 !!!


Dans ce Cambodge donc, au terme d'une guerre civile, les vainqueurs Khmers Rouges prennent le pouvoir en avril 1975. Ils s'empressent de vider les villes et de déplacer les populations dans les campagnes afin de les contraindre à devenir paysannes. Ils lancent dans le même temps une épuration des intellectuels, artistes, professeurs, médecins, vietnamiens, de ceux qui portent des lunettes, de ceux qui aiment chanter, etc... Bref, tous ceux qui ne font pas partie de la classe paysanne sont susceptibles d'être assassinés, torturés ou affamés. Entre 75 et 79, un quart de la population du pays fut décimée. Les massacres furent finalement stoppés par la "libération" du pays par l'armée vietnamienne... Notons qu'à ce jour, très peu de responsables ont été condamnés et qu'un procès est en cours... Ajoutons également que Pol Pot et sa clique ont longtemps été protégés dans leur fuite par la Chine et les États-Unis, en toute connaissance de cause...


Après cette joyeuse étape, c'est Saigon, la capitale économique du Vietnam (renommée depuis la réunification du pays en 1975, Ho Chi Minh Ville) que nous rejoignons, en bus pour changer ;-).

Quatorze ans après l'avoir quittée, Jérémie retrouve la ville de son adolescence... Elle a énormément changé mais malgré le bruit et l'encombrement, on y retrouve de bons souvenirs. La tâche n'est pourtant pas facile, tant les rues se sont transformées, il n'y a quasiment plus de cyclo-pousse ni de vélo mais des milliers de motos et de nombreuses voitures qui s'arrêtent maintenant aux feux rouges !!! Cela reste cependant un véritable challenge que de traverser une rue...



Les façades des immeubles sont illuminées, des boutiques ont ouvert partout, la société de consommation est en marche. Saigon est devenue une grande agglomération du Sud-Est asiatique, à mi-chemin entre Bangkok et Phnom Penh... La nuit ça clignotte de partout, le jour c'est le klaxon qui est roi !
Certes, il reste toujours ces gigantesques panneaux de propagande communiste, ces drapeaux rouges frappés de l'étoile jaune ou d'une faucille et d'un marteau. L'oncle Ho (Ho Chi Minh) est toujours à la mode sur les murs mais la jeune génération semble très peu concernée par le socialisme, occupée qu'elle est a découvrir les joies de la consommation exacerbée.



Nous arpentons donc ce joyeux bazar, retrouvant avec plaisir l'École Francaise Colette (une pensée pour les anciens élèves qui lisent ce blog), l'ancienne maison Godon, puis les classiques palais de l'indépendance, Poste, Cathédrale, marchés couverts, etc...

Même si les maisons tubes (ou tranches de pain de mie, au choix) ont poussé comme des champignons, que les rues sont devenues des avenues et les revêtements bétonnés ont remplacé les chemins de terre, il y a une chose qui n'a pas bougé ici, pour notre plus grand plaisir, c'est la diversité et finesse des plats vietnamiens. Cela faisait un bail qu'on n'avait pas parlé de bouffe sur ce blog hein ? ;-) Bref, la nourriture de rue reste délicieuse malgré l'inconfort des installations. Les petites chaises et tables en plastique sont toujours là ! Et c'est au ras du sol que nous nous régalons de pho, banh beo, banh bao, banh xeo, sinh to mangue, banh mi pa-tê, chè et autres hu tieu !


Nous passons quasiment une semaine à HCMV, séjour agrémenté par les visites d'amies de Capucine, d'un ancien professeur et surtout par le très agréable accueil de Marie et Philippe dans leur spacieux hâvre de paix saigonnais. Merci à eux d'avoir rendu ce séjour si agréable!

Pour changer un peu d'air, direction les hauts plateaux et plus précisément Da Lat, dont la fraîcheur du climat en fait une des destinations privilégiée des saigonnais. La ville, construite à flanc de collines et arborée de grands pins, a gardé quelques traces architecturales de l'époque coloniale, même si "l'architecture" vietnamienne moderne (plus kitch tu meurs !) gagne de plus en plus de terrain, le charmant et le beau prenant un sacré coup au passage... Fort heureusement, quelques jolis endroits subsistent ça et là...





Il est très agréable de parcourir les environs de cette ville. Montagnes, forêts, lacs et grands espaces font autant notre bonheur que celui des nombreuses familles vietnamiennes. Et oui, le Vietnam change vite, le tourisme local se développe lui aussi. Mais ils sont plus malins que nous, ils ont abandonné le vélo eux... Nan parce que les 15-20 kilomètres très valonnés en VTT avec pluie par intermittence... honnêtement je sais pas qui est le c** qui a eu cette idée géniale mais il aurait mieux fait de la garder pour lui et de faire comme tout le monde : louer une moto !




Pour finir, retour à Saigon où le programme qui suit s'annonce chargé avec l'arrivée attendue d'Anaïs et Alex...


Bises


C. & J.


Playlist: Brassens / Brel / Manu Chao / 2000 ans d'histoire.
Lectures: le Canard enchainé du 02 juin 2010 / Le chercheur d'absolu (Théodor Monod)

mercredi 9 juin 2010

Thaïlande : Bangkok / Cambodge : Siem Reap, Angkor et balade fluviale


De retour de Birmanie, c'est avec plaisir que nous retrouvons la modernité de Bangkok... Pas forcément ses grands buildings, sa pollution, ses publicités à profusion et ses éternels rabatteurs... Mais plutôt l'électricité, l'utilisation possible de la carte bancaire, du téléphone portable ainsi que l'univers de la toile en haut-débit qui nous ont un peu manqué durant trois magnifiques semaines chez nos amis birmans.

Bangkok donc, la gigantesque capitale thaïlandaise, connue pour ses embouteillages monstres, ses tuks-tuks, sa nourriture parfumée, ses bars et ses filles de joie, nous étonne d'abord par son calme apparent, ses avenues clairsemées et la quasi-absence de touristes... Mais que se passe-t-il ?
Pourquoi c'est pas le bordel Bangkok ? On m'aurait menti ?
La raison de ce calme est celle du plus fort, nous l'allons montrer tout à l'heure...

Commençons par préciser le contexte... Depuis plusieurs semaines des milliers de thaïlandais, venus pour beaucoup des campagnes et subventionnés par un ancien premier ministre en exil, squattent une ou deux rues importantes du centre économique de Bangkok. Ces manifestants demandent la démission de l'actuel premier ministre dont les partisans avaient, il y a 2-3 ans, chassé celui qui aujourd'hui essaie de revenir... Vous suivez ? Non ? C'est normal ! On va simplifier un peu le problème... Ceux qui bloquent l'activité économique de la ville, c'est les chemises rouges. Ils veulent le départ du mec au pouvoir dont les partisans sont, eux, habillés de jaune.
Le leader des rouges est un exemple en matière de corruption systématique mais reste très populaire car il fait plein de cadeaux aux pauvres.
Au terme de semaines de défilés, de sittings dans la rue (ils sont payés à la journée) et d'affrontements violents avec la police, le gouvernement décide de se donner les moyens de ses ambitions et envoie l'armée, les tanks, etc... Bilan des festivités, les deux dernières semaines: plus de 80 morts et quelques centaines de blessés, un couvre-feu et l'ordre des jaunes (temporairement) rétabli... À quel prix ?

Mais revenons à notre voyage. Nous arrivons donc à la fin du couvre-feu... Ce paisible Bangkok est pour nous une courte étape avant de rejoindre les pays voisins, le temps de faire réparer notre appareil photo qui prend systématiquement une tâche en photo depuis dix jours, de trouver une cantine pour se rassasier de la délicieuse, aromatisée et toujours très fraîche cuisine Thaï. Le temps aussi de passer une très bonne soirée avec Thomas D. (un pote de J.), de flâner autour du grand Palace et même d'aller voir de plus près les rues touristiques de Bangkok! Ils y vendent de tout! Des vêtements, des sacs, des filles et même des faux permis de conduire ! Très tentant (on parle des permis de conduire, hein ? ;-)


À la suite de quoi, cap sur le Cambodge, pour une longue journée de voyage train+tuk-tuk+pieds+bus, bravant avec brio plusieurs fonctionnaires véreux qui n'arriveront pas à nous escroquer (on nous avait prévenu, nous y étions préparés). Nan mais ! On file déjà assez de pognon avec tous ces stupides et inutiles visas !

Bref, nous arrivons à Siem Reap. Dans ses environs se dressent les fabuleux temples d'Angkor, construits pour certains il y a plus de mille ans et immortels témoins du grand empire Khmer.
Ils s'étalent sur plusieurs dizaines de kilomètres sur une terre parfois rouge, parfois couleur sable, au cœur d'une vie locale encore dynamique qu'il est tout aussi intéressant de découvrir.


Les sites sont également entourés d'une végétation luxuriante et la nature a parfois repris ses droits à l'intérieur même des temples (dont notre préféré Ta Prohm). La faible fréquentation du site en cette saison des pluies ne fait qu'accroître la magie de ce décor millénaire.



Angkor Wat, parmi les plus connus, serait le plus vaste lieu de culte de la Terre. Vous nous direz, quand on sait qu'Angkor reste, dans l'Histoire du monde, la ville la plus peuplée de toute l'ère pré-industrielle (à son apogée au XIIe siècle, 750 000 personnes y habitent, dix fois plus qu'à Londres)...


Notre séjour à Siem Reap fut aussi ponctué par de belles rencontres (un amical bonjour à Aurélie, Catherine et Vivi). Cette dernière nous permettra de passer un peu de temps dans un orphelinat. Spectacle nocturne, organisation d'un atelier peinture pour des enfants d'une politesse incroyable, dont les yeux brillaient au moment de la distribution du matériel qu'on avait précieusement choisi pour eux. Nous savions que gommettes, stickers et autres paillettes trouveraient leur place et feraient naître ne serait-ce qu'un instant de bonheur.





Mais il nous fallait reprendre notre route, direction Phnom Penh en bus... Et puis nan, au tout dernier moment, changement de programme, on décide de prendre le bateau pour traverser le plus grand lac d'Asie du Sud-Est (le Tonlé Sap). Nous naviguerons alors entre plusieurs villages flottants (avec leurs marchés, leurs écoles et leurs lieux de cultes), puis remonterons un fleuve, époustouflant théâtre d'une vie active permanente et originale. Un régal !



Prochaine étape Phnom Penh où on va tâcher de comprendre comment un pays peut faire pour exterminer un quart de sa population en quatre ans... Ça s'annonce très gai...


Bises à nos lectrices et lecteurs.


CapuCaps et Jerems.


Playlist : Mano Solo / The Clash / La souris déglinguée.
Lectures : Les rivières pourpres (J-C Grangé) / Manuel de survie, Situations extrêmes (J. Piven & D. Borgenicht) / D'abord ils ont tué mon père (Loung Ung).

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