L'épisode précédent se terminait au fond d'un canyon où nous profitions d'une oasis salvatrice. Pour s'arracher à celle-ci, une fulgurante ascension nous attendait. Levés avant même que le soleil ne daigne sortir de sa tanière, ce fut au terme de plus de trois heures d'intense grimpette que nous retrouvions la civilisation...
Vers où diriger nos pas après cette harassante marche en plein soleil ? Encore une question existencielle à laquelle il nous fallait répondre...
Ce fut finalement l'oasis de Huacachina (petit lac, arbres tropicaux et hôtels entourés de grandes dunes de sable) qui fut finalement désignée par le comité central...
Nous nous y prélasserons au bord d'une piscine tout en visitant les Bodegas voisines. Loin de concurrencer leurs voisines argentines ou chiliennes, il est tout de même agréable de s'y attarder et d'y déguster les productions locales de vin et de pisco. Deux d'entre elles nous ouvriront leurs portes (et leurs bouteilles !). Elles s'étendent sur plusieurs dizaines d'hectares et exploitent bien entendu les cépages français les plus répandus dans ce continent : cabernet-sauvignon, merlot, malbec, etc... Sans être extraordinaires, ces productions ont le mérite d'exister.
Ne vous inquiétez pas, on a bien respecté le fameux refrain "Celui qui conduit c'est celui qui ne boit pas" et on a pris un taxi !
A la suite de quoi nous gagnons le bord de mer et le petit port de Paracas pour y déguster une des plus célèbres spécialité du Pérou: le délicieux Ceviche (poissons crus et/ou fruits de mer, marinés dans du jus de citron, piment et oignons) et aller découvrir la péninsule de Paracas.
Un peu inconscients du ca(i)gnard et de la longue marche qui nous attend, c'est la fleur au fusil que nous partons traverser cette grande et désertique étendue de sable à la recherche d'une jolie plage qu'on nous a conseillée. Après quelques heures de marche, un gentil -Walter- nous propose de monter tous les quatre (nous sommes toujours en compagnie de Mathilde et Emilie avec qui nous vivons presque en collocation maintenant) à bord d'un pick-up pas très réglementaire (une petite dizaine de personnes entassées à l'arrière, cheveux au vent) mais aux passagers très sympathiques (ils avaient fini leur boulot de nuit et le patron les emmenait à la plage ! ça c'est du management !). Merci à eux de nous avoir évité la traversée du désert à pied ce qui nous permettra de bien profiter (mais combien de fois allons-nous écrire ce verbe dans ce blog ?) des magnifiques paysages et plages de la péninsule. Une péninsule aux petits airs siciliens, où nous pique-niquerons et prendrons un grand bain de soleil (mais pas de mer, la côte pacifique étant décidément trop froide !).
Mais Paracas, c'est aussi le point de départ vers les îles Ballestas (sorte de "Gallapagos du pauvre") qui abritent en pleine mer des colonies impresionnantes de lions de mer (aux cris imposants), de pétrels, de cormorans, de manchots, etc... Un des intérêts de la visite, outre l'observation de ces joyeuses et sensuelles créatures, consiste à éviter les déjections rejetées par ces milliers d'objets volants identifiés. Les pigeons parisiens étant à côté d'eux de biens petits joueurs. Cela enjolive la visite en y ajoutant le bruit et l'odeur (ndJ: désolé fallait que je la place..).
Notons également que tous les 4 à 5 ans, le guano (en gros la fiente déposée sur les rochers) est ramassé et emporté par bateaux entiers pour être utilisé comme fertilisant. Honneur à ceux qui exécutent cette sale et écoeurante besogne !
Ensuite, direction Lima, capitale péruvienne aux étendues surdimensionnées. C'est une des premières fois que Capucine n'arrive pas à se repérer dans une ville. Traversée par de nombreux périphériques et de longues artères, Lima est une des plus grande ville du monde. Près de deux fois New York en superficie !!! Impressionante mégalopole.
Un peu au hasard nous choisissons le musée national comme étape culturelle du jour. Bingo ! Nous resterons plusieurs heures à parcourir une poignante exposition de photos nous replongeant dans la guerre civile péruvienne (du début des 80's à la fin des 90's). Vingt ans pendant lesquels des illuminés se sont entretués et ont bien entendu embarqué des milliers d'innocents dans leur folie. Vingt ans de massacres, d'attentats, de prises d'otages, de tortures, d'exécutions sommaires. Vingt années de conflits où à l'appel du Sentier Lumineux, du MRTA et de généraux fous furieux bénéficiant d'une impunité officielle, le Pérou a perdu près de 80 000 de ses fils, filles, journalistes, paysans, militaires, syndicalistes, citadins, indigènes... 80 000 morts ! C'est plus que le total des victimes de toutes les guerres du Pérou depuis son indépendance en 1821...
Une belle et émouvante exposition organisée par la Commission Vérité et Réconcialtion mise en place au début du XXIème siècle pour tenter de faire le deuil de ce conflit traumatisant.
Nous terminerons la journée en flanant dans le centre-ville, traditionnelle place des armes, traditionnel couvent (avec en bonus cette fois-ci des catacombes, ça change!).
Nos pas nous conduiront aussi dans le quartier chinois où l'appétissant canard laqué se revèlera être un piège qui donnera à J. (il préfère rester anonyme) une magnifique tourista...
Retour dans le quartier de Miraflores (où nous logeons), tout en nous arrêtant dans les bonnes adresses conseillées par Lola (merci !).
Nous ne nous attarderons pas plus longtemps dans cette immense capitale et ce sera la cordillère blanche qui nous accueillera pour notre dernière étape péruvienne. Direction Huaraz un peu plus au nord. Nous optons après maintes hésitations (saison des pluies, froid, genou, timing...) pour le réputé trek de Santa Cruz.
Faute de temps (on a un avion à prendre, enfin quatre, j't'expliquerai...) nous le ferons en trois jours au lieu des quatre habituels, ce qui inclut donc un rythme soutenu et des réveils plus que matinaux ! Mais on a décidé de le faire alors qu'il vente, qu'il pleuve et qu'il neige, que nous ayons moins de temps et trois genoux et demi pour deux, nous sommes réalistes, nous exigeons l'impossible...
Réveil à 5 heures du mat', et c'est parti pour trois jours éreintants mais magnifiques. Plus de 50 km parcourus à pieds pour atteindre une altitude quasi équivalante à celle du Mont Blanc, (on est monté à 4760m, qui dit mieux ?) dévalant ou grimpant des milliers de pierres, jouant à l'équilibriste au-dessus des torrents, les jambes parfois dans la boue, traversant pieds nus des eaux glacées et bravant les nombreux moustiques (qui aiment toujours autant la peau de Capucine... J. (l'anonyme de tout à l'heure...) étant toujours accompagné de sa gentille et inséparable tourista...
Nous y perdrons au fur et à mesure la moitié de notre groupe (fort sympathique d'ailleurs et très cosmopolite, big up aux argentins Leo et Faku :-)) : maux de tête, fièvre, hypoglycémie (en même temps, une allemande végétarienne (pléonasme ?) qui ne mange quasiment rien et rejette le reste, faut pas s'étonner qu'elle galère à 4000m !!!), mal de l'altitude, ampoules... On n'est pas nombreux le dernier jour à voir la montagne des films paramount.
Mais notre joyeuse bande de six (David et Marlène s'étant joint à nous, Carine ayant continué son tdm de son côté), elle, terminera la randonnée dans les délais et avec panache ! Cocorico car avec un catalan et une anglaise nous serons les seuls à réussir le grand chelem.
Petite anecdote amusante, en pleine nuit, J. (toujours l'anonyme du début...) s'était extirpé de sa tente, à la lumière de sa frontale, pour aller délivrer son offrande multi-quotidienne à la nature... Une fois son oeuvre achevée, il se relevait tranquillement... quand il se retrouva tout-à-coup nez-à-nez avec la tête d'une énorme vache un peu trop curieuse qu'il n'avait pas entendu venir à travers la nuit noire et dont les cornes exorbitantes et les yeux brillants lui collèrent une frousse telle qu'il améliora son record personnel du 50 mètres steeple en nocturne...
Notre bonne étoile nous suit toujours nous accordant deux jours de soleil en pleine saison des pluies... magnificiant de plus belle cette randonnée où il nous a été donné de traverser : lagunes aux bleus turquoises, torrents, cascades et autres visions grandioses des monts enneigés de la cordillère avec en point d'orgue l'arrivée en haut du punta Union !
Évoluer librement, entourés de sommets dépassant allègrement les 5000 mètres a ce côté grandiose que seule la nature peut offrir à ceux qui savent lui accorder un peu de leur temps et de leur énergie...
Ajoutons à cela des moments inoubliables comme ce match de football improvisé à 3800m d'altitude opposant notre sélection internationnale (Argentine, France, Australie, Angleterre, Espagne, heu pardon Catalogne ;-)) à des travailleurs saisonniers péruviens qui malgré une belle résistance de notre part nous ont collé un beau 5-3. Altitude = O.P.O. !
Notons également que la cordillère blanche regroupe une cinquantaine de sommets de plus de 5700m et qu'à titre de comparaison, il y en a 3 aux States et aucun en Europe... Ça vous donne une idée du décor.
Exténués mais la tête pleine de beaux souvenirs, nous regagnons Lima le soir même avant de prendre nos avions pour la Guyane le lendemain : encore un lever à 4 h, on commence à être habitués... 35 heures de voyage (à l'heure ou nous écrivons ces lignes, on est déjà à cinq heures de retard...), quatre avions, des heures et des heures de transit... Mais quand c'est pour aller passer dix jours chez Marie et Grégoire en Guyane, on ferait facilement le double. Motivés que nous sommes à l'idée de retrouver nos amis dans ce charmant DOM, histoire de finir notre escapade sud-américaine en beauté !
Grosses bises à tous et portez-vous bien.
Capucine et Jérémie
- Les livres du moment : Mille soleils splendides (même auteur que les cerfs-volants de Kaboul - Khaled Hosseini - et tout aussi captivant) / Un peu de soleil dans l'eau froide (Françoise Sagan) / Le pendule de Foucault (Umberto Eco).
- La playlist du moment: The Cure / Manu Chao / Mano Solo (la marmaille nue) - (RIP) et toujours les excellents S. Guillon et D. Porte sur France Inter...
vous me donnez le tournis avec tous ces paysages !!!!!!
RépondreSupprimerJ. aurait dû écouter le sage:
RépondreSupprimer"Qui au Pérou, mange chinois, aura la turista".
Dix jours sans mise à jour, une honte!
RépondreSupprimerMarre de ces bureaucrates du voyages, de ces professionnels de la glande, qui une fois investis de leurs pouvoirs, oublient ceux qui les ont porté jusque-là!
Elections, piège à cons!
Sur les routes, piège à croutes!
Patience, patience, ça arrive, c'est juste qu'on avait pas le net en Guyane...
RépondreSupprimerEnorme message by the way !
Bises